Comment avoir une belle plume? améliorer son style ? condenser un passage?
Souvent fond et forme ne coïncident pas, le déroulement de nos idées sur le papier est entravé par des habitudes « parasites » qui viennent se greffer au récit au moment d’écrire et le dénaturent de différentes manières. En se posant les bonnes questions, on entre dans la matière même de l’écriture plutôt que de rester à la périphérie. Retrouvez ces conseils d’écriture au fil de l’ouvrage méthodologique LA FABRIQUE DES HISTOIRES, éditions Ellipses.E
- L’AVANT TEXTE : souvent, à peine une idée en tête, nous avons tendance à démarrer sur le champ un récit, si bien que les premières lignes peinent à ‘lancer’ l’histoire. Autrement dit, on tourne autour du pot et ça se voit ! Se poser alors la question suivante : sur quelle image le récit débute réellement ?
- DIGRESSIONS : si on a tendance à faire des digressions, prendre le temps, lors d’une séance d’écriture ultérieure, d’enlever tout ce qui ne sert pas à l’intrigue. Faire un plan, et/ou souligner, avant de les enlever, les passages qui ne servent pas l’intrigue.
- LA PLACE DU LECTEUR : là, maintenant, qu’est-ce que le lecteur sait de l’histoire ? Qu’est-ce qu’il ignore ? Qu’est-ce qu’il comprend ? Se poser régulièrement des questions, puis choisir délibérément de garder une information pour plus tard, ou au contraire, ajouter des détails utiles à la compréhension de l’histoire. En effet, si le lecteur ne comprend pas quelque chose, cela va lui trotter dans la tête et le risque qu’il décroche à un moment donné est grand. Il faut faire une différence entre un suspense volontairement maitrisé par l’auteur et une imprécision, une omission, une incohérence maladroite. Afin de remédier à ce problème, laisser reposer vos textes plusieurs semaines s’avère bénéfique. Notre regard sera légèrement différent. On sera à même de déceler les zones d’ombre du récit.
- L’EMPLOI DU « JE » : faut-il rédiger à la première personne (je), ou à la troisième personne (il, elle) ? Dans certains cas, il s‘avère plus judicieux lors d’une séance de réécriture d’opter pour l’emploi du ‘il’ ou du ‘elle’ si le récit semble trop proche de soi. Le distancier c’est l’envisager sous un autre angle et relativiser son contenu. L’emploi de la première personne est cohérent, quand le lecteur peut s’identifier avec ce qui est dit. Essayer les deux possibilités avant de choisir!
- FAIRE DES ELLIPSES : dynamiser son récit. Penser aux ellipses. Laisser au lecteur la possibilité de remplir les blancs, de mettre un peu de ‘lui-même’ dans ce que est dit. Penser à la part de rêve du lecteur. Certains récits étouffent, d’autres sont creux. Le lecteur doit pouvoir se projeter dans l’histoire et se l’apprivoiser, la faire sienne en quelque sorte, le temps de la lecture.
- .RECOURIR AU DIALOGUE : pour donner du rythme à un récit, choisir de transposer un passage du récit en un dialogue. N’oubliez pas que dans la vie, les gens parlent beaucoup ; en vous entraînant à l’écriture de dialogue, vous vous éloignerez des clichés et arriverez à personnaliser davantage vos personnages. Leur donner une voix est aussi important que de les décrire physiquement. Se servir de son entourage, observer comment les gens parlent, déchiffrer leurs propos, les mots qui reviennent fréquemment dans leur conversation. Quel est leur niveau de langage ? Noter par exemple, dans un carnet, deux répliques par jour.
- .OUVRIR SON REGARD : nourrir ses textes de la vie quotidienne en ajoutant une description, une bribe de conversation, une rumeur, un ragot, une actualité à la radio, à la télé, un rêve, un cauchemar. Exorciser ses peines, utiliser ses joies. Croquer des personnages que l’on aime, et travestir vos ennemis.
- .OSER PRENDRE DES RISQUES, FAIRE DES EXPÉRIENCES : l’écriture se nourrit de maintes tentatives. L’écriture théâtrale peut vous aider à donner du rythme, de la musicalité à votre récit, l’écriture poétique, à trouver des images, l’écriture autobiographique, à envisager un personnage de l’intérieur, l’écriture de scénario, à visualiser une scène. Aller dans ses zones de retranchement. Écrire des dialogues ou au contraire, si on a tendance à en abuser, préférer la narration.
- .PRÉFÉRER LE CHEMIN AU RÉSULTAT : l’écriture est davantage une histoire de marathon que de sprint, si vous ne pensez qu’au résultat, l’histoire en pâtira.
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